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26/04/2014

La meilleure façon de saluer la double canonisation : étudier Vatican II !

couv533g_200.jpgAjoutée par François à celle de Jean-Paul II, la canonisation de Jean XXIII est un appel à découvrir le vrai Vatican II... que les catholiques français continuent à ignorer, cinquante ans après que sa réception ait été brouillée par un lobby dénoncé dès 1964 par le grand théologien Henri de Lubac (acteur important du concile) : 

 


Dans ses Carnets du Concile (Cerf 2007), Henri de Lubac fait souvent allusion à la formidable campagne de désinformation déployée dans le monde occidental dès l'ouverture de Vatican II en 1962.

L'Église découvrait le nouveau pouvoir des médias, déjà capables de substituer ''leur'' version à la réalité – et de l'infuser au grand public.

D'autant qu'à l'intérieur même de l'Église, un parti (puissant depuis les années 1950) était connecté aux médias, et introduisait dans le catholicisme la ''misérable sécularisation'' que Lubac dénonce ci-dessous.

D'où le quiproquo, encore aujourd'hui, dans une partie du public catholique français :

- les uns sont décidés à relancer et radicaliser cette sécularisation (quitte à naufrager la foi : ce qui nous ramènerait cinquante ans en arrière, aux temps où Fesquet désinformait les lecteurs du Monde) ;

- les autres confondent les saboteurs et Vatican II, et répètent quelques idées toutes faites contre le concile... plutôt que de se procurer ses textes pour les étudier loyalement. Cette étude, Henri de Lubac en criait pourtant l'urgence dès 1964 :

 

<< Samedi 10 octobre 1964 – Dans les journaux (récemment encore dans Le Monde), on continue de parler d'évêques ''conservateurs'' et ''progressistes'', et à les distribuer en partis. La Tradition chrétienne est complètement ignorée. On parle comme si l'Eglise avait été fondée au Moyen Âge (un Moyen Âge souvent tardif), et de ce Moyen Âge même on ne connaît que quelques traits mal compris historiquement et caricaturés. On semble croire qu'il n'y a jamais eu chez les chrétiens, avant notre siècle, aucune conscience de la liberté religieuse, ni aucune initiative reconnue aux laïcs dans l'Eglise, etc.

De H. Fesquet [1], dans Le Monde du 10 octobre : ''Vatican II a consacré trois ans à parler de problèmes purement ecclésiastiques. Aurait-il la maladresse de ne consacrer qu'une quinzaine de jours aux véritables problèmes du monde actuel ? Les laïcs pardonneraient difficilement aux évêques cette précipitation.'' Ainsi, parler de l'Église, du ''peuple de Dieu'', parler de la révélation chrétienne, de Jésus-Christ, de l'Écriture saine, de la vie liturgique, etc, c'est s'occuper de problèmes ''purement ecclésiastiques'' ? Les seuls problèmes dits ''actuels'' sont-ils de ''véritables problèmes'' ? Un chrétien peut-il penser cela ? Et le problème de sa destinée, de notre destinée à tous, n'est-il pas pour chacun le problème suprême ?''

 

Mercredi 1er décembre 1965 – J'ai écrit au P. Guillet [2], qui vient de signer (ce n'est pas lui qui l'a composé) un programme inquiétant pour l'étude du concile dans la Compagnie [les jésuites] à l'été prochain. Ce programme est une tentative de détournement de l'oeuvre conciliaire. Je dis au P. Guillet : ''Dans les mois ou les années qui viennent, il sera nécessaire que l'ensemble de l'oeuvre conciliaire soit étudié sérieusement, et qu'on sache prendre comme centre de perspective les constitutions dogmatiques [3], qui sont en, effet au centre de tout. Il faudra pour cela savoir rompre avec les propagandes et avec les essais tendancieux qui se sont déjà fait jour et qui risquent demain de faire avorter la réforme entreprise, et de compromettre les fondements mêmes de la foi. La Compagnie aura ici un rôle à jouer, ce qui lui demandera un grand effort de foi et d'abnégation. Les Supérieurs, en France, sauront-ils voir le cynisme d'un programme qui tient pour inexistantes toutes les parties doctrinales, spirituelles et apostoliques du concile, et qui nous engage dans les voies d'une misérable sécularisation ?'' >>

 

__________ 

[1] Henri Fesquet : fondateur de la rubrique religieuse du Monde en 1947, ténor de la désinformation durant Vatican II. Mort en 2011.

[2] Jacques Guillet : jésuite français, doyen de la faculté de Fourvière.

[3] Dei Verbum (sur la Révélation) et Lumen gentium (sur l'Église) : deux textes magistraux mais ignorés du public catholique français. Parmi celui-ci, certains en sont encore à croire que ''la faute de Vatican II fut de refuser d'être un concile dogmatique''. Ils ne savent pas ce qu'ils disent.

 

 

Commentaires

70 ANS

> vieille tradition française... le Concile de Trente a mis 70 ans avant de commencer à s'implanter en France.
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Écrit par : E Levavasseur | 26/04/2014

POLITIQUE

> Il y a eu, tant dans le détournement du Concile que dans sa contestation, une obsession politique.
Chez les premiers, l'irruption dans l'Eglise d'une mentalité libertaire combinée avec le socialisme.
Chez les seconds, une idéalisation de la monarchie. Pas celle de saint Louis, celle des Bourbons. C'est pourquoi leur opposition s'est focalisée sur le décret sur la liberté religieuse.
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Écrit par : Pierre Huet / | 27/04/2014

BENOIT XVI ET LUBAC

> Benoît XVI, dans un de ses tous derniers discours, lumineux, adressé au clergé de Rome, s'inscrivait clairement dans le sillage d'un de Lubac, lorsqu'il évoquait les "deux conciles", celui des médias, le plus visible, virtuel, subordonné aux catégories et aux agitations mondaines, et celui des Pères, le plus profond, réel, ancré dans l'intériorité de la foi et ouvert aux signes des temps...

"Je voudrais maintenant ajouter encore un troisième point : c’était le Concile des Pères – le vrai Concile –, mais c’était aussi le Concile des media. C’était presqu’un Concile en soi, et le monde a perçu le Concile à travers eux, à travers les media. Donc le Concile immédiatement efficace qui est arrivé au peuple, a été celui des media, non celui des Pères. Et tandis que le Concile des Pères se réalisait à l’intérieur de la foi, c’était un Concile de la foi qui cherche l’intellectus, qui cherche à se comprendre et cherche à comprendre les signes de Dieu en ce moment, qui cherche à répondre au défi de Dieu en ce moment et de trouver dans la Parole de Dieu la parole pour aujourd’hui et demain, tandis que tout le Concile – comme je l’ai dit – se mouvait à l’intérieur de la foi, comme fides quaerens intellectum, le Concile des journalistes ne s’est pas réalisé, naturellement, à l’intérieur de la foi, mais à l’intérieur des catégories des media d’aujourd’hui, c’est-à-dire hors de la foi, avec une herméneutique différente. C’était une herméneutique politique : pour les media, le Concile était une lutte politique, une lutte de pouvoir entre divers courants dans l’Église. Il était évident que les media prendraient position pour la partie qui leur apparaissait convenir le plus avec leur monde. Il y avait ceux qui cherchaient la décentralisation de l’Église, le pouvoir pour les évêques et puis, à travers la parole “Peuple de Dieu”, le pouvoir du peuple, des laïcs. Il y avait cette triple question : le pouvoir du Pape, transféré ensuite au pouvoir des évêques et au pouvoir de tous, la souveraineté populaire. Naturellement, pour eux, c’était la partie à approuver, à divulguer, à favoriser. Et ainsi aussi pour la liturgie : la liturgie comme acte de foi n’intéressait pas, mais comme quelque chose où se font des choses compréhensibles, quelque chose de l’activité de la communauté, une chose profane. Et nous savons que c’était une tendance qui se fondait aussi historiquement, à savoir : la sacralité est une chose païenne, éventuellement aussi de l’Ancien Testament. Dans le Nouveau, vaut seulement le fait que le Christ est mort dehors : c’est-à-dire hors des portes, c’est-à-dire dans le monde profane. La sacralité est donc à terminer, le culte est aussi profanité ; le culte n’est pas culte mais un acte de l’ensemble, de la participation commune, et ainsi aussi une participation comme activité. Ces traductions, ces banalisations de l’idée du Concile ont été virulentes dans la pratique de l’application de la Réforme liturgique ; elles sont nées d’une vision du Concile extérieure à sa propre clé, celle de la foi. Et ainsi aussi pour la question de l’Écriture : l’Écriture est un livre, historique, à traiter historiquement et rien d’autre, et ainsi de suite.

Nous savons combien ce Concile des media fut accessible à tous. Donc, c’était celui qui dominait, le plus efficace, et il a créé tant de calamités, tant de problèmes, réellement tant de misères : séminaires fermés, couvents fermés, liturgie banalisée… et le vrai Concile a eu de la difficulté à se concrétiser, à se réaliser ; le Concile virtuel était plus fort que le Concile réel. Mais la force réelle du Concile était présente et, au fur et à mesure, il se réalise toujours plus et devient la véritable force qui ensuite est aussi vraie réforme, vrai renouvellement de l’Église. Il me semble que, 50 ans après le Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se brise, se perd, et le vrai Concile apparaît avec toute sa force spirituelle. Et voilà notre tâche, particulièrement en cette Année de la foi, à partir de cette Année de la foi, travailler pour que le vrai Concile, avec sa force de l’Esprit Saint, se réalise et que l’Église soit réellement renouvelée. Nous espérons que le Seigneur nous y aide. Moi, retiré, dans la prière, je serai toujours avec vous, et ensemble nous irons de l’avant avec le Seigneur, dans cette certitude : le Seigneur vainc ! Merci !"

A lire en intégralité ...
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2013/february/documents/hf_ben-xvi_spe_20130214_clero-roma_fr.html
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Écrit par : Serge Lellouche / | 27/04/2014

RUMEUR, RUMEUR

> Internet grouille de rumeurs sur le "financement de la cérémonie de la double canonisation", par Nestlé, un groupe pétrolier ... Encore un énième phantasme des salles de rédaction, analogue à la renonciation du pape Benoît XVI sous pression, tantôt des intégristes, tantôt du lobby gay, de la "nomination" d'évêques négationnistes ... ? Ces salles ne manquent pas d'imagination.
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Écrit par : Aurélien Million / | 03/05/2014

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